Le smiley triste

J’ai vu sa photo sur Facebook.

Il s’appelait Gizmo.

J’ai regardé la signification de son nom : gadget en anglais.

J’ai imaginé sa vie : il avait été un mignon bébé Jack Russell, il avait été choyé, il avait attendri la famille pendant des mois. On l’avait laissé seul dans l’appartement pendant que les adultes travaillaient et que les enfants étaient à l’école. Il avait dévoré des chaussures, éventré les coussins du canapé, rongé les coins du tapis. On lui avait pardonné. 

Il avait grandi. Les enfants aussi qui ne jouaient plus avec lui. 

Gizmo s’ennuyait, il avait aboyé, beaucoup, hurlé à la mort.

Les voisins s’étaient plaints.

On n’allait pas pouvoir le garder, il n’y avait pas de solution, on ne pouvait pas déménager à cause du chien tout de même.

J’ai vu sa photo sur Facebook.

Il était allongé dans un box à la SPA, à côté de son bol d’eau. 

J’ai pensé au mien, à mon Jack Russell, à ses yeux éperdus d’amour lorsqu’il nous regarde, à son désespoir lorsqu’on quitte  la maison et qu’il crie sa peur d’être abandonné. 

A l’amour fou des chiens, l’amour inconditionnel qu’ils portent à leurs humains.

J’ai vu sa photo sur Facebook avec ce message : Gizmo a été retrouvé mort dans son box ce matin.

Et tous les messages qui suivaient : « RIP petit chien » «  Pauvre animal, les gens sont des monstres » « j’aurais voulu t’adopter mais j’ai déjà un chat » et plein de smileys tristes. 

Et devant la photo de Gizmo mort de cet amour absolu, de cet amour trop grand pour ce petit cœur qui s’était brisé, j’ai cliqué moi aussi sur le smiley triste.

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2 commentaires

  1. Encore une histoire qui me fait venir les larmes aux yeux.

    De nombreuses personnes font part de leur tristesse devant le spectacle d’un pauvre animal qui attend un miracle dans la rue ou dans un box de fourrière. Bien peu prennent la bonne décision pour changer radicalement la vie de cette petite victime.

    J’ai bien trop souvent des raisons d’être triste.

    1. Je vous comprends et, en écrivant cet article, j’ai pensé à vos publications et à nos réactions (je m’inclus dedans) qui se limitent souvent à ce smiley triste…
      Mais, en effet, s’il y avait davantage de compassion, plus d’adoptions, des adoptants plus responsables…
      Si, si, si …
      Avec des « si » le monde serait plus supportable !

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