Aristote

J’ai entendu sa voix. Je la reconnaitrais entre mille. Mais ce cri m’était inconnu.

Son cri est rauque, toujours.

Un âne n’a pas de cordes vocales, il fait vibrer ses narines ce qui provoque ce son si particulier, d’une telle intensité qu’on peut l’entendre à des kilomètres.
Ce jour-là, je l’ai entendu braire depuis le fond des bois. Je ne le voyais pas mais j’entendais qu’il mettait dans ce cri plus de puissance que d’habitude.

Il inspirait de toutes ses forces et hurlait comme une bête.
J’ai descendu le coteau et j’ai vu la scène : un chien était entré sur son territoire et lui tournait autour. Et Aristote le chargeait en hurlant.
Mon Aristote aux grands yeux doux, celui qui me laisse passer les mains dans son poil soyeux, sous son encolure, qui appuie sa lourde tête sur mon épaule et attrape le col de ma veste du bout des lèvres, mon ami si délicat s’était mué en une bête sauvage et rugissait contre l’intrus.

J’ai assisté au spectacle de son animalité, je ne pouvais rien pour lui, mes cris étaient vains et il n’attendait rien de moi. 

J’ai senti sa force, sa puissance. Sa nature.

Les ânes, les chevaux vivent près de nous mais demeurent à jamais sauvages. 

Quand je plonge mon regard dans le sien je m’approche de ce mystère. Si proche mais pourtant  impénétrable.

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