Balance ton chasseur

La chasse endeuille mes automnes.

Marguerite Youcenar

A cette période, on regrette presque de vivre à la campagne…

Chaque coup de feu vient heurter l’espoir de cette matinée et fait résonner mon impuissance face à la barbarie des hommes.

La chasse est légale, ils peuvent tuer en toute impunité, massacrer la vie, la beauté de toutes ces personnes non humaines et humaines.

Hier, un jeune homme qui fendait du bois dans le fonds de son jardin a été tué. Un malheureux incident, selon la fédération de chasse locale. La vie d’un homme de 25 ans qui s’arrête et on sait d’avance qu’il -celui qui a tiré- ne sera pas puni : peine de principe, avec sursis, pour ce malheureux incident. « j’ai cru que c’était un sanglier… », cette phrase qu’on entend à tout bout de champ pour justifier les vingt victimes humaines annuelles de la chasse en France.

Si tu veux tuer quelqu’un, prend un permis de chasse et tire, c’est mon conseil. Tu risques si peu.

Je sens que mon deuil n’est pas rempli de tristesse mais que cette souffrance et cette impuissance  se transforment en colère et en rage. Marguerite, elle, savait contenir son courroux sous une expression policée.

J’ai juste envie de balancer, non pas mon porc (expression spéciste), mais mon chasseur :

Il y a deux catégories de chasseurs.

Non, pas « les bons et les mauvais » -comme dans le sketch tellement réaliste des inconnus-.

Il y a les beaufs. Ceux que je croise dans mon chemin, rougeauds, avinés dès le matin, misogynes, fachos. Je n’exagère pas.

Et il y a les aristos de la chasse, les chasseurs à courre, les chasseurs qui paient pour entrer dans les parcs, pour chasser le trophée, puants dans leur suffisance, corrupteurs, corrompus, dépassés. Ceux-là, je ne les vois pas par ici, mais on sait qu’ils existent. Surtout en France. Je n’exagère pas.

Et voilà, un million de connards. Car ils sont un million, Monsieur Macron, et non cinq millions comme vous l’avez soutenu la semaine dernière. Ou bien il y en a quatre  millions qui chassent sans permis. La ruralité c’est donc ça, selon notre président ?

Des beaufs et des dégénérés qui massacrent des êtres vivants parce qu’ils aiment tuer. Parce que ça fait frissonner, ça fait jouir de tenir un fusil et de tirer.

Ils le disent eux-mêmes, la plupart le reconnaissent puisqu’ils savent que, derrière le faux justificatif de la régulation, rien ne légitime leurs actions. Pire, ils lâchent les animaux qu’ils tuent, ils nourrissent les animaux qu’ils tueront.

Ils font n’importe quoi. Ils polluent avec leurs cartouches et leurs 4X4. Ils empêchent les randonneurs de randonner. Ils exterminent les derniers représentants d’espèces en voie de disparition. Ils achètent les politiques. Ils nuisent.

Alors, oui, je rêve de leur disparition. De ce moment de l’histoire que je ne connaitrais pas où l’on frémira en se souvenant de ces barbares d’un autre temps.

Ce temps où l’on croisait dans la nature des hommes en bandes armés de fusils, exultant d’aller tirer sur des lapins, des cochons et des tourterelles sans défense, d’aller interrompre la course sublime d’un lièvre ou d’une biche. Repus de vin et de pâté de campagne. Braillant, soufflant dans des trompes, maltraitant les chiens, écrasant tout sous leur passage et tuant quelques hommes et femmes au hasard de leur route.

Ce temps de la honte où ils ont subsisté encore après l’extinction de l’esclavage humain, la fermeture des camps de concentration humains, l’interdiction de la peine de mort humaine. Après la lutte des femmes contre le harcèlement, le combat contre les discriminations chez les humains.

Ce temps juste avant que les derniers spécimens disparaissent sous les huées et les insultes.

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3 commentaires

  1. Ce sont des tueurs en série, rien de moins, à qui l’ on a donné le permis de tuer des « res nullus » pour épargner d’autres vies qui valent plus cher au yeux de la société !

  2. C’est du mauvais « James Bond » territorial, des « licences to kill » délivrés localement à des crétins congénitaux (localement car moins de 10% de ces personnes ont un permis national, même à 50% de réduction accordés par leur grand ami M. Macron!).
    Ce sont les mêmes profils, en région parisienne, ou dans le Tarn où je vis, et ailleurs bien entendu sur tout le territoire! Arrogants, avinés, se croyant les maîtres du monde avec un fusil de chasse en extension d’un phallus défaillant (ce qui va de pair avec les véhicules dont ils font usage, souvent des 4X4 ou SUV , polluants à souhait, substituts au vide sidéral qui résonne dans leur boîte crânienne!), des individus qui se posent en garants de la biodiversité!!! Un comble! Une arnaque au mieux, un subterfuge politique servant de justificatif à l’existence d’une pratique hors d’âge! Peut-on se rassurer en se disant que cette « espèce humaine » était composée de plus de 2 millions d’individus en 1976 et moins de 1 million aujourd’hui, la baisse allant en s’accentuant d’année en année (la double validation permis national, permis local ayant disparue depuis la loi du 24 juillet 2019, interdisant de fait une « double comptabilité » par la Fédération nationale de la chasse, permettant qu’un chasseur local ayant également un permis national puisse être comptabilisé deux fois!, avancée notable car ladite loi installe les chasseurs comme étant des garants de la biodiversité, leur accordant un rôle qui prêterait à rire s’il n’était pas lourd de conséquences!).
    Une dame de mon entourage, habituellement d’une douceur extrême, a pour adage qu’ « un bon chasseur est un chasseur mort ». Exagéré, vraiment? Cette position est la traduction évidente d’un véritable ras le bol de l’existence de cette pratique archaïque, honteuse, à rebours de l’évolution des opinions publiques, et qui est soutenue par celles et ceux qui usent et abusent du pouvoir démocratique qui leur est confié en considérant que l’intérêt général est la somme de quelques intérêts particuliers.
    Pathétique!

    1. Merci de ces précisions, Philippe. J’ignorais qu’il existait une double comptabilité des permis de chasse avant 2019. Nous partageons le même dégoût à l’égard de ces pauvres abrutis, j’aurais pu utiliser tous les termes que tu emploies et je me rends compte que j’avais omis de préciser dans mon petit billet d’humeur que le fusil est l’extension d’un phallus défaillant, je te remercie d’avoir réparé cet oubli 🙂

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