Un beau jour pour mourir

Sa silhouette m’est apparue à travers la brume du petit matin. Il cherchait quelques ronces près du grand pin. J’ai distingué le pelage de ses frères et de sa soeur quelques mètres derrière lui. Toute la famille était rassemblée. Je ne voyais pas leur mère, sans doute occupée à décrocher un lierre de l’écorce d’un chêne. La journée serait froide mais belle, le soleil commençait à poindre derrière la brume.

Je suis resté à distance pour mieux les observer. Comme ils étaient gracieux avec leurs longues jambes, leur démarche était tellement élégante. J’ai pensé que j’avais de la chance d’avoir de si beaux enfants. Tous les parents de la terre doivent partager cette béatitude mêlée de fierté.

Quand le premier coup a retenti, j’ai couru par réflexe et j’ai vu mes enfants déguerpir vers le bois. Plusieurs détonations ont suivi et j’ai vu leur mère s’enfuir à travers le champ. Elle était à découvert et ils ne pouvaient pas la manquer, ils étaient au moins trois à la viser. J’ai vu son corps svelte et musclé s’écrouler sur la terre encore gelée. Je n’ai rien pu faire pour empêcher les enfants de courir vers elle.

Je les ai vu tomber un à un, si petits, si légers.

C’était une belle journée de janvier.

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