Mozart et l’étourneau

Ce matin, en montant au grenier, j’ai trouvé un étourneau sansonnet gisant sur le parquet. J’ai pris entre mes mains ce petit être qui pesait à peine. Il avait été pris au piège de cette maudite toiture dont nous ne trouvons pas la faille. Il était mort de son enfermement, lui l’acrobate des cieux, le choriste des arbres.

Mozart avait adopté un étourneau. Il l’a gardé trois ans. Lorsque l’oiseau est mort, il l’a enterré solennellement. Il a composé un requiem, un poème pour lui.

Ce matin, je me suis assise. J’ai pleuré l’étourneau. J’ai pleuré celui qui a été piégé par ma faute, par la faute de nos constructions qui sont des dangers mortels pour les oiseaux du ciel.

Ce matin je me suis arrêtée, j’ai cessé de m’agiter vainement, j’ai coupé le son de la radio, éteins l’ordinateur, j’ai creusé un trou dans la terre ameublie par tant de pluies pour accueillir son petit corps parfait, son plumage subtil peint par un esprit pointilliste. J’ai cueilli un des derniers pétunias rose de l’automne et je l’ai déposé sur la terre qui le recouvrait. J’ai songé qu’il aurait dû se poser, léger, sur la branche du grand pin qui abritait son sommeil et entonner son chant de liberté.

J’ai écouté Mozart, j’ai écouté le chant des étourneaux.

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