Noël à Pâques

Noël est arrivé chez nous il y a un an, le lundi de Pâques, dans une cage, épuisé d’un long voyage depuis l’Ile de la Réunion.

Trouvé dans la rue, malade, comme des milliers d’autres chiens qui sont promis à une vie d’errance et de souffrance et à une mort solitaire et souvent violente. Quand je vois cette photo de lui, gisant sur le pavé, je pense à tous ces autres qui n’ont pas eu sa chance.

Sa chance fut de croiser Marie-Claude qui en avait déjà sauvé bien d’autres et qui l’a ramassé, qui l’a soigné patiemment pendant des semaines. Elle lui a donné des bains, appliqué des lotions pour réparer sa peau abimée par la maladie, ses poils ont repoussé, elle l’a remis sur pattes. Elle a fait tout cela pour lui donner un avenir, pour qu’il s’en sorte et trouve une famille.

Sa chance fut que l’Association « Espoir Réunion » le prenne en charge et lui offre cette possibilité d’être adopté.

La misère des chiens est infinie à La Réunion et les associations luttent, elles tentent de pallier la défaillance de l’état et de toutes les institutions qui ignorent la souffrance des animaux, à tous les niveaux.

Chaque jour depuis un an, Noël court, Noël saute (beaucoup, c’est un ressort !), Noël joue, Noël vit.

Noël est joyeux.

Tout en lui n’est que joie de vivre. Et lorsque j’aperçois dans ses yeux un reste de peur, une trace d’angoisse de son passé (il a peur de la pluie forte, souvenir sans doute des pluies diluviennes qui peuvent s’abattre sous les tropiques et il se jette sur la nourriture comme s’il n’avait pas mangé depuis des jours), cela ne dure jamais, il aperçoit un jouet, bondit pour s’en saisir et fait le pitre. Il lutte à sa façon contre la mélancolie.

Noël est une leçon de vie et de joie.

Le nom qui lui a été donné lui va si bien.

Joyeux Noël !